Le modèle du vrac est-il en danger ?
Saviez-vous que le chiffre d’affaires du vrac en France est en chute libre : 660 millions d’euros en 2024, contre 850 millions en 2022… et plus d’un milliard en 2021 !*
Pourtant, avant la crise sanitaire, les initiatives zéro déchet séduisaient un public de plus en plus large : achats en vrac, adoption de cosmétiques solides pour l’hygiène, fabrication maison de produits ménagers… autant de pratiques s’inscrivant dans une quête de consommation plus responsable et durable.
Alors, pourquoi ce déclin alors que l’intérêt pour le zéro déchet semblait en plein essor avant la pandémie ? Quel est l’avenir du zéro déchet en France ?
Découvrez notre décryptage dans cet article.
1 - C’est quoi exactement, le zéro déchet ?
Après l’ère du plastique roi (rappelez-vous la fameuse chanson "Le plastique c'est fantastique !") les années 90 voient naître un véritable mouvement en faveur du zéro déchet.
Le recyclage est alors de plus en plus remis en question : d'après l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), seulement 9% de nos plastiques sont recyclés**, le reste étant la plupart du temps mis en décharge, incinéré ou rejeté dans l'environnement.
La France s’engage alors résolument dans cette transition, misant sur la prévention : un cap symbolique est franchi en 2019 lorsque l’Assemblée nationale vote la fin du plastique à usage unique d’ici 2040.
Cependant, la crise sanitaire met un brutal coup de frein à cette dynamique avec la fermeture des petits commerces et épiceries vrac et le grand retour des emballages jetables pour des raisons sanitaires.
2 - Le zéro déchet, une alternative en perte de vitesse
Depuis la crise sanitaire, plusieurs facteurs ont bouleversé nos modes de consommation : l’inflation, les crises géopolitiques, et l’apogée du commerce en ligne.
Si bien qu’en France, les ventes en vrac ont baissé de 34% en 3 ans.
Pour chercher à comprendre ce recul, nous avons rencontré Célia Rennesson, cofondatrice de l'association Réseau Vrac et Réemploi et co-autrice du livre Vrac Mode d’emploi (2020).
« Les consommateurs n’ont pas perdu leur intérêt pour le vrac. Ceux qui en avaient l’habitude avant la crise sanitaire y restent attachés. En revanche, les nouveaux clients potentiels ont été freinés par la pandémie et l’inflation.
Les grandes enseignes, elles aussi, ont adapté leur offre à la conjoncture actuelle :
“Plus de 70% des Français font leurs courses en grande surface. Or avec l’inflation, les grandes enseignes privilégient désormais les références les plus rentables et économiquement intéressantes pour les consommateurs, reléguant ainsi le vrac au second plan” souligne Célia Rennesson.
Contrairement à une simple suppression des emballages, ce modèle implique une refonte complète de leur chaîne logistique : circuits d’approvisionnement plus courts, une gestion rigoureuse des stocks et des équipes formées pour limiter le gaspillage. Certains supermarchés peinent à s’adapter à ces exigences.
Didier Onraita, cofondateur de Day by Day, enseigne française spécialisée dans la vente en vrac, met en garde : « Il ne s’agit pas que de supprimer les emballages. Il faut être prêt à revoir l’ensemble de son organisation logistique ».
Mais Célia Rennesson nuance : “Malgré le déclin du vrac en supermarché, des alternatives continuent de voir le jour et offrent des solutions viables pour l'avenir.
Les magasins bio et les épiceries spécialisées connaissent un essor et jouent un rôle essentiel dans cette transition. C’est une chance pour redynamiser cette pratique, en offrant aux consommateurs des alternatives de qualité et des solutions adaptées.”
3 - Alors, quel avenir pour le zéro déchet et le vrac ?
Le droit sur le zéro déchet progresse malgré des freins.
Dans le cadre de la loi Climat et Résilience (2021), le décret vrac a fixé des objectifs ambitieux, comme l’obligation pour les hypermarchés de consacrer au moins 20% de leur surface de vente au vrac d’ici 2030.
Et l’influence de la France au niveau européen montre que la dynamique peut évoluer dans le bon sens.
Suite à une révision récente, le Règlement européen sur les emballages (PPWR) intègre pour la première fois des objectifs pour le vrac et le réemploi des emballages.
A l’échelle des citoyens et citoyennes, des initiatives comme le Mois du Vrac & Réemploi, lancé en 2021, sensibilisent aux alternatives zéro déchet et soutiennent les épiceries spécialisées.
Célia Rennesson se montre optimiste quant à l’avenir du vrac :
« Choisir le vrac, c’est reprendre le contrôle : sur les quantités, pour dépenser moins ; sur les emballages, pour réduire les déchets ; et sur le stockage, avec le verre, meilleur pour la santé.
Depuis 2020, nous avons traversé une succession de crises. Nous n’en sommes pas totalement sortis, mais il est temps de retrouver le cap. »
Conclusion : le vrac, une solution incontournable pour une consommation plus responsable
Par sa capacité à réduire les déchets et le gaspillage, le vrac s’inscrit comme une solution aux enjeux économiques et écologiques actuels.
Du 1er au 31 mars, le Mois du Vrac et Réemploi, en mobilisant aussi bien les consommateurs que les acteurs locaux, incarne une belle opportunité pour reconnecter avec des pratiques de consommation plus réfléchies et engagées.
Vous y trouverez les enseignes vrac situées autour de chez vous, des conseils pour consommer zéro déchet, ou encore des évènements partout en France !
Ensemble, nous avons l’opportunité de soutenir les alternatives durables et renouer avec des gestes simples, afin de faire du vrac un levier essentiel pour une consommation plus respectueuse de l’environnement !
Je participe au Mois du Vrac et Réemploi
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*Baromètre de la réduction des déchets, Odoxa, 2023
**Oecd - La pollution plastique ne cesse de croître tandis que la gestion et le recyclage des déchets sont à la traîne
Remerciements : Célia Rennesson, co-fondatrice du Réseau Vrac et Rémploi.